D’où vient ce nom ?

Avr 9, 2017 // By:Philippe // No Comment

D’où vient le nom de notre association, « Ours de Glandasse » ?

Le mieux est de laisser s’exprimer son fondateur, Henri Audra, dans La Revue du Ski, (n° 9, édition du 5 décembre 1937).

«  Savez-vous ce que c’est que le Glandasse ? C’est une montagne qui, géographiquement, ne constitue que la pointe méridionale des Préalpes du Vercors. Cependant pour le montagnard diois, montagnard qui n’est pas un alpin, ni un alpiniste, mais le plus souvent un paysan, un « terrien » local, teinté moitié de provençal, moitié de dauphinois réfléchi, Glandasse, c’est comme le « cabanon » du Marseillais : « c’est toute une vie ».

Glandasse : il n’est pas de jour où l’on n’en parle ; c’est lui qui annonce la pluie ou le beau temps lorsqu’il s’encapuchonne de brouillards traînants ou lorsqu’il se dore et s’empourpre au soleil couchant. C’est lui qui prédit l’hiver lorsque les premières poudres neigeuses en font un dôme éclatant sous le soleil du Dauphiné méridional – et l’été se dessine sur lui lorsque les plaques terreuses s’inscrivent en forme de lettres sur sa page blanche.

Glandasse, mont chéri des Diois ! Pouvions-nous, lorsque nous avons décidé de créer voici plus de 10 ans, une société d’alpinisme à Die, choisir un autre nom que celui-ci comme nom de ralliement ?

Oui, mais les « Ours De Glandasse » ? Pourquoi les « Ours » ? Y a-t-il des ours à Glandasse ? Mais certainement et cela ne fait pas, à Die et dans la région, l’ombre d’un doute (voir lettre adressée à l’auteur le 6-12-1937 par une lectrice de la « Revue du ski » témoignant que son oncle M. Bonnet avait vu des traces d’ours vers la grande cabane vers 1920). Il est certain que le Vercors et le Glandasse en particulier constituent l’un des derniers refuges des ours en France.
Il y a longtemps qu’on ne parle plus des ours de la Chartreuse, de la Savoie ou d’ailleurs, alors que cet animal est resté comme une pittoresque particularité attachée à notre contrée. Les vieilles gens, les paysans parlent de l’ours comme d’une ancienne connaissance, avec une pointe de respect, de familiarité, presque d’affection. Et l’ours est présent à tous les esprits comme un symbole, d’autant plus qu’en animal craintif, il ne se montre jamais et que sa réalité ne s’affirme que par des marques laissées sur son passage : ruchers dévalisés, traces de griffes aux abords glaiseux des fontaines du plateau de l’immense forêt domaniale, empreintes de pattes l’hiver sur les étendues vierges et infinies qui vont à perte de vue de l’extrême pointe de Glandasse jusqu’au Grand Moucherolle.

Un chasseur abattit un dernier ours quelques années avant la guerre. Durant plusieurs années, on ne parla presque plus de l’ours. Le seul survivant aurait-il fermé les yeux pour toujours dans quelque mur de roche ignoré ? Combien regrettable aura été la disparition de cet animal sympathique et inoffensif, de cet ancestral compagnon auréolé de poésie alpine ?

Mais voici que depuis deux ans l’ours se rappelle à nouveau au souvenir des montagnards et des chasseurs diois « vercariens », et le journal local ouvre ses colonnes aux récits des témoins dignes de foi. Des empreintes ne pouvant laisser d’hésitations quant à leur origine, auraient été vues, et moi même, un soir à ski, j’ai tenté de suivre dans la neige de printemps, une piste d’ours qui s’en allait escalader des gradins rocheux. La neige était fondante, la nuit tombait. Je dus abandonner rapidement mon idée. Où se dirigeaient ces traces amies, ces traces presque humaines ? Vers quelque roche escarpée, quelque caverne inconnue, dans un secret qui demeure. Nous n’avons pas revu l’ours, mais nous savons qu’il existe, qu’il gîte encore dans les fissures de nos rocs calcaires, qu’il s’abrite encore dans nos inextricables fourrés, qu’il vient encore roder sur nos désertiques plateaux que la lune inonde d’une clarté laiteuse entre les obscures futaies de sapins qui, au couchant restent son refuge, et la muraille du Vercors, véritable rempart qui, au levant, limite son domaine.

L’ours est donc, pour nous montagnards drômois, plus qu’un ami, un vrai symbole et pour cela nous l’avons choisi pour présider aux destinées de notre société. »

Henri Audra, 5 décembre 1937

Les origines de Die et l’ours

Nous savons peu de chose sur les origines de Die, mais dès le premier siècle de notre ère, une ville se dressait déjà à cet emplacement avec un sanctuaire à la déesse auguste Andarta, divinité celtique protectrice des ours (Andarta signifie en gaulois « Ourse très puissante ») qui a donné son nom à la ville (Dea Augusta Vocontiorum : déesse auguste des Voconces). Au moment de la conquête romaine, cinq peuples se répartissent ce qui est aujourd’hui la Drôme. Les Voconces, qui occupent l’arrière-pays drômois jusqu’à la Durance, se partagent entre deux capitales : Vaison-la-Romaine et Luc-en-Diois auquel Die succède vers 70-110.

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