Coup de cœur pour fagus sylvatica

Mar 20, 2020 // By:Philippe // No Comment

En tant que randonneurs les plantes en général, les arbres, les fleurs, tout l’univers végétal habillant plaines et montagnes, nous émerveillent.
Pourquoi aimer alors ici spécifiquement fagus sylvatica, le hêtre en français (mot dérivé du germanique heister), ou le fayard en parlé régional (mot provenant du latin fagus) ? Pourquoi pas plutôt le pin sylvestre, le pin noir, le mélèze, le sorbier, le charme ou plus simplement le chêne, cet arbre si solide et tant prisé des poètes ?

Peut-être est-ce tout simplement leur ombre si rafraîchissante l’été en traversant une hêtraie, qui nous séduit ? Ou cette lumière adoucie par le dense feuillage, rehaussant le vert tendre des jeunes feuilles et soulignant les franches nervures d’autres plus mûres ?
Peut-être nous sentons-nous des atomes communs avec ce hêtre conquérant, espèce dominante et colonisatrice qui comme nous ne souffre pas de concurrence ? Cet arbre qui monte haut, jusqu’à 40 ou 50 mètres, pour prendre toute la lumière et étouffer dans l’ombre les autres espèces et le moindre taillis ?

Dans nos montagnes rudes, les faines, fruits oléagineux du hêtre, petites bombes énergétiques salvatrices à certaines  périodes noires, ont-ils durablement marqué notre inconscient en sa faveur ?
Ou bien reconnaissons-nous en lui un parent : ses racines ont beau être puissantes, elles restent superficielles ; le hêtre craint les vents violents, c’est un faux dur, un fragile… Isolé, il n’est plus grand chose… en groupe par contre, comme nous…

Peut-être aussi nous souvenons-nous combien il est facile de graver dans l’écorce lisse et peu épaisse du hêtre un cœur tendre barré d’une flèche avec deux prénoms ?
Mille autres raisons encore pourraient être énoncées…

Nous avons de toutes façons un très lointain ancêtre commun avec tout ce qui vit sur cette terre… Et ce grand cousin-là, ce fayard, qui dresse son fût cylindrique, régulier et puissant, jusque très haut au-dessus de nos têtes, a quelque chose de familier qui nous rassure.
Il aime, comme nous, les climats tempérés. Il aime les sols ni trop secs, ni trop mouillés. Il craint les fortes chaleurs, les coups de soleil, l’excès d’eau et les gelées du printemps, tout en supportant beaucoup, par exemple des froids rigoureux ou des sols peu fertiles… il sait s’adapter. Et le réchauffement climatique, certainement, l’inquiète.

Alors oui, un coup de cœur pour le fayard ou le hêtre, pourquoi pas ? Apprendrons-nous un jour de lui l’art de la photosynthèse ? L’art de vivre en symbiose avec des champignons, des lactaires, des bolets, des girolles, l’art de partager des éléments nutritifs, des minéraux, des protections chimiques et de l’eau… ?

Apprendre du hêtre, ce serait bien.

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