16 mars 2025 : la Pyramide de Valdrôme

Sept ours.es fringant.e.s au départ du Cheylard. La traversée, barrières enjambées, d’une propriété protégée par un Patou menaçant, précède l’accès à la piste, bien ouverte par les gros engins de déboisement.
Ensuite c’est la montée droit dans la pente, blanc dessous, brouillard dessus. L’espace se resserre. Aucun horizon, seulement la marche, la neige qui cède sous le pied, parfois ferme, parfois fuyante. Le monde extérieur s’efface, il ne reste que les corps en mouvement. Le Col du Charron surgit dans une trouée plus claire, passage entre deux mondes : versant nord, Valdrôme, figé sous la neige et la glace, versant sud, les Baronnies, ensoleillées, colorées.
Les ours.es suivent la ligne de crête, le brouillard tente une dernière offensive, il grimpe, s’accroche aux pentes, s’effiloche en volutes, mais arrivés au Pas de la Lauze, la lumière a gagné. Un léger contrebas, un repli de terrain providentiel pour le pique-nique.
L’attaque de la Pyramide s’effectue en ligne droite, puis le groupe enchaîne, dans la foulée, l’ascension du Duffre, 1760m. Dans la descente croustillante, la neige accroche le talon et libère l’élan. La station apparaît en contrebas, déserte et figée, vestige d’un autre temps. La petite troupe fuit la piste et choisit un chemin plus secret, où la lumière caresse les mousses et les lichens, l’eau se présente sous toutes ses formes : givre qui ourle les herbes, glace qui sculpte les branches, et sur la roche, s’anime en surfusion : des gouttelettes liquides roulent sous la glace et viennent se figer, instant après instant, en stalactites.
La trace a dessiné sur ce parcours de 14 kilomètres pour 1050 m de dénivelé une Amérique du Sud en miniature.

Eric