19 janvier 2025 : la Grésière
Jan 20, 2025 // By:Patrick Michallat // No Comment
20 ours.es tout rond au départ des Gallands. Une piste, d’abord, tranquille, le long du ruisseau. La montée se dessine ensuite en lacets larges avant de se durcir. Sur les passages plus raides, la troupe s’étire, jusqu’au col de Mian. Une courte pause puis reprise de la grimpette pour atteindre le col de Fays. C’est maintenant la partie escarpée qui attend les ours.es : 200 m de dénivelé sur 600 m de distance, soit une pente à 40%, du sérieux.
Après le passage si abrupt, la crête est large, le point de vue remarquable : La Grésière, ils y sont.
Ils savourent, vont et viennent, s’installent sur le doux flanc ensoleillé, une inclinaison qui sera propice à l’abandon après le pique nique. La douceur contraste avec les semaines précédentes, le printemps semble déjà là. La neige reste présente sur la chaîne du Dévoluy qui déploie son relief, ses sommets, Grand Ferrand, Tête de l’Obiou, Pic de Bure, et sur l’aileron du Grand Veymont qui dépasse au nord.
Ils paressent longtemps avant de se redresser pour descendre vers le Col du Pinet. Sur ce versant Nord, des plaques de neige rendent le sentier glissant, certains chaussent les crampons. Ensuite c’est le plaisir d’emprunter le sentier en balcon, jusqu’au tunnel, se réjouir de le traverser, de défier le vide sur quelques mètres en utilisant la main courante. Ils poursuivent leur traversée déclinante, retrouvent le soleil, puis la piste, traversent les Gallands et rejoignent leur point de départ, après 12,5 km pour 830 m de dénivelé.
Ce sentier en balcon, si bien pensé, si plaisant pour randonner, a une histoire. Il porte la mémoire des travaux de reboisement rendus nécessaires par un fort recul des forêts causé par la pression démographique des XVIIIe et XIXe siècles. L’augmentation des terres agricoles, du pâturage et l’exploitation du bois ont entraîné une déforestation massive, aggravant l’érosion, les crues et les inondations. Dès 1849, des habitants alertent les autorités sur les risques d’éboulements liés au déboisement. Pour y remédier, plusieurs lois de Restauration des Terrains en Montagne (RTM) sont votées en 1860, 1864 et 1882, imposant des campagnes de reboisement malgré des résistances locales. On plante, pins sylvestres, épicéas, pins noirs et aulnes de Corse. Une dernière grande campagne a lieu dans les années 1950, lorsque l’ONF rachète des parcelles et emploie des jeunes locaux pour replanter des pins noirs d’Autriche et construire des ouvrages de protection sur les ruisseaux. Le tunnel a été creusé lors de ces travaux.
Eric.