1er juin 2025 : Rochers de la Peyrouse
Juin 3, 2025 // By:Philippe // No Comment
Nous partîmes à treize, guillerets et bien bottés, du Pot des Bayles. La forêt nous enveloppa, futaie dense, sous-bois moussu. Le sol, d’abord coussin végétal, s’arma peu à peu de pierres erratiques, de lapiaz perfides. Nous progressâmes néanmoins, unis et attentifs, serpentant entre racines noueuses et blocs disjoints. Nous traversâmes le Canyon des Erges, puis gagnâmes le pas de Serre Brion en suivant les rares traces bleues jalonnant un tracé chaotique. D’aiguilles en crêtes, de failles en arches, le paysage, d’ordinaire masqué par les brumes, se dévoila alors,
dans toute sa puissance.
Nous poursuivîmes sur le fil du Ranc Traversier, jusqu’aux Rochers de la Peyrouse, où nous fîmes halte. Là, une bourrasque facétieuse s’empara d’un imperméable et l’envoya paître dans l’abîme. Il fallut bricoler un ingénieux dispositif – ficelle, bâton, crochet – et notre guide, suspendu au-dessus du vide, réussit l’improbable repêchage. Soulagement et applaudissements.
Nous reprîmes la marche, enchaînant les pas, Étoupe et Morta, avant de plonger dans le Purgatoire, terrain austère et tourmenté. Nous cheminâmes d’abord dans un pierrier abrupt avant de retrouver des points bleus dans la forêt sauvage. Le silence des oiseaux annonça l’orage. Il gronda au loin. Une pluie fine nous accompagna jusqu’à la prairie de Darbounouse. Nous gravîmes une ultime bosse vers le Pot de la Gélinotte avant de retrouver le GR.
En dix-sept kilomètres sur mille mètres de dénivelé, ce crapahutage dominical fut un condensé des beautés et des rudesses du plateau : velouté des champs mouchetés de fleurs, chaos tellurique des lapiaz, majesté des crêtes, solidarité du groupe, menace suspendue de l’orage…
Éric