2 au 12 sept 2025 : séjour Mercantour Gd Tour de l’Argentera – J1 et J2

Ce fut un véritable Concerto Soprano pour 13 solistes et orchestre minéral et lacustre.

Des roches, des cailloux, des blocs (beaucoup beaucoup de blocs), des pierres, des dalles, des pavés, des graviers et des chiappes (roches raclées ou polies par les glaces). Des éboulis, pierrailles, caillasses, pierriers, gravelles et rocailles. Des pics, des dents, des éperons, des crêtes et des escarpements. Du granit, du quartz ou du gneiss. Des gris et des verts, des ocres et des roux, des noirs ou des rosés.

Quelques rares fleurs isolées au milieu de ce monde brut : campanules violettes, marguerites alpines, adénostyles, carlines.

Mais surtout, éparpillés partout, des lacs glaciaires aux reflets étonnants, des formes douces entourées de vert ou de gris, de simples vasques aux grandes étendues profondes, éblouissant de leurs couleurs ou de leurs écrins et de leur joli nom, chaque jour un autre encore plus beau : Valrossa, Valscura, Claus, Fremamorta, Bessons, Trecolpas, Bianco del Agnel.

    

Curieusement notre chef d’orchestre, L’Argentera (3297 m), assez peu visible en réalité, s’est trouvé subtilement remplacé par le majestueux Mont Viso, plus éloigné mais dominant seul du haut de ses 3841m, veillant sur nos pas.

Les journées de marche furent difficiles en raison de la longueur des étapes (un peu sous-évaluées !), et du terrain particulièrement mouvementé, irrégulier, instable et dur sous les semelles. Mais perchés entre leurs refuges autour de 2000/2500m (jusqu’à 2650 m pour le petit Refuge Pagari), nos 13 Ours se sont régalés des paysages lunaires où s’égayent en permanence juste à côté bouquetins et chamois, de quelques belles forêts de mélèzes dès que l’altitude passait sous les 2000m, de magnifiques ciels bleus limpides ou décorés, de levers de soleil et de mers de nuages, d’une Lune un soir éclipsée, le lendemain ronde et flamboyante.

Les 13 Ours ont joué chacun diverses partitions, menant, traînant, photographiant, bavardant, plongeant, jouant, écoutant, philosophant, riant, se désaltérant, dérapant, chutant, grignotant, observant, s’extasiant, se prélassant, cherchant, vérifiant, consultant, échangeant, se délectant.

Un magnifique Concerto joué comme toujours dans la bonne humeur, la gaité, le respect, la bienveillance et la solidarité. Un grand merci à tous les solistes. Monique

Jour 1 : Sant’Anna de Valdieri – Ref Livio Bianco 9 km 950m D+

Après une nuit passée dans un hôtel au personnel très accueillant, nous empruntons un chemin ombragé et confortable bordé de colchiques, au son des remous et cascades du torrent.

Le bleu intense du ciel nous réjouit. Au détour d’un virage, un troupeau de chamois se laisse longuement observer.

Nous passons ensuite un verrou glaciaire et découvrons le lac Sottano Sella, lac aux eaux transparentes en bordure, et vert sombre au centre. Le refuge est juste là, sa terrasse nous invite à la contemplation du cirque glaciaire qui nous fait face. Nous pique-niquons à proximité du refuge, sur une pente herbeuse, propice à la sieste, bercés par les clochettes d’un troupeau de brebis.

 

Puis le groupe se disperse, certains décident de monter jusqu’à un autre petit lac ; d’autres observent le troupeau très dispersé, avec 2 brebis indépendantes décidées à partir se promener seules jusqu’au lac ; les plus courageux se baignent puis se prélassent sur des rochers au soleil.  Bières, tisanes, jeux et repas italien (pâtes et plat de polenta) finissent cette journée. Nadia

   

 

Jour 2 : Ref Livio Bianco – Ref Emilio Questa  16 km  1200m D+

Réveil dans la beauté, randonnée dans la beauté.

Ce matin, l’espace d’un instant l’eau du lac est rouge : reflet des montagnes au soleil levant, c’est magique.

Départ à 7h30 du refuge par une montée assez douce, ensoleillée, à flanc de montagne, nous atteignons le beau lac Soprano della Sella (2330 m), l’eau est si claire, le soleil déjà chaud malgré l’heure encore matinale que trois d’entre nous se laissent tenter par un bain rafraîchissant et délicieux.

  Nous continuons notre progression dans un paysage de plus en plus minéral, immobile, jusqu’au col della Valleta (2488 m), de nombreux lacs s’égrènent le long du sentier qui parfois prend des allures de voie romaine avant de laisser la place à d’énormes blocs rocheux. L’attention est de mise pour passer de blocs en blocs et escalader raide jusqu’au col Est della Paur (de la peur), 2890 m, mais pour les Ours.es ! même pas peur. De loin le Viso nous surveille. Déjà 1000 m de dénivelé, il est temps de pique-niquer dans un bel endroit avec vue sur les lacs en contrebas, mais peu confortable aux dires de certains pour la sieste. La descente sur les blocs est mal aisée, d’autant plus que le sentier a disparu, le vilain ! De nouveau nous retrouvons un beau chemin pavé qui facilite la progression, et quelques bâtisses en ruines, vestiges du passage des militaires. De vallon en vallon, de lac en lac (lac di Valscura, lac del Claus…) nous débouchons sur une longue sente à flanc de montagne, une dernière remontée et voici le refuge Emilio Questa.

 

Tout le long de notre trace nous avons aperçu des bouquetins et des chamois peu farouches, deux lagopèdes gris se sont envolés à notre passage. Trois incidents à signaler, tout d’abord un oubli de lunettes de soleil, vite réparé puisque nous sommes encore près du refuge, puis un oubli de téléphone qui sera récupéré 3 jours plus tard, un moindre mal d’autant plus qu’il n’y a de réseau nulle part ! Un peu plus sérieux : Petite Ourse chute, deux ou trois tonneaux heureusement sans gravité : quelques contusions et égratignures, vite tous à son secours, Grande Ourse soigne les petits bobos.

 

Très belle randonnée de 1200 m de dénivelé positif et 650 m de négatif dans un décor immensément minéral mais éprouvante autant par sa longueur, 16 km, que par la difficulté de progression sur certains passages. Michèle