11 juin 2023 : le Purgatoire

10 Ours.es, à 7:30, un dimanche matin incertain, prêt.e.s à passer plus d’une heure en voiture, franchir le tunnel du Col de Rousset, s’engager sur une longue piste forestière pour stationner quelque part, loin de tout. Quelle est donc la motivation de ces femmes et ces hommes, qui, à peine arrivé.e.s dans la forêt, enfilent et lacent des gros godillots lourds et inconfortables, endossent un sac et marchent avec des bâtons ? Et recommencent, encore et encore.

L’aventure, la découverte, la rencontre, le partage, le bonheur de traverser, tout petit humain, des espaces aussi grands et sauvages ? Gravir des pentes fortes, gambader au milieu des fleurs multicolores aux noms enchanteurs, narcisses, orchis, gentianes, s’émerveiller devant les roches taillées par l’érosion dessinant des entrelacs de veines, de failles, découvrir un gouffre, frissonner à l’idée d’y plonger, et savourer intérieurement le plaisir de s’en éloigner indemne ?

 

Cette foultitude de sensations, de perceptions, les yeux fixés sur les nuages menaçants, le risque de l’orage à venir et le soulagement de son absence, la rencontre avec les bouquetins, et un, et deux, et trois, et des dizaines, paisibles, à leur affaire, indifférents à leur présence, le tintamarre des pierres foulées, mélodie archaïque, concert improvisé altéré par les faux pas, fausses notes, la satisfaction simple du repas improvisé au sommet, instants volés à l’effort consenti.

Ce dimanche, ces hommes et ces femmes ont parcouru le plateau, enchaînant les Pots aux noms insolites : de la Gelinotte, de l’Echelette à la montée, du Play et des Bayles à la descente. Ils ont traversé le Purgatoire, suivant avec la plus grande attention les marques bleues pour éviter de se perdre dans le chaos des lapiaz. Ils l’ont traversé sans encombre, accédant, à 2011m, aux rochers de la Peyrouse, dans le brouillard, après être restés longtemps subjugués au pas Étoupe, vertigineux.

Ils sont redescendus par le Canyon des Erges, et ont retrouvé, surpris, au détour d’un dernier virage, leurs voitures. 16 km pour 900 m de D+ En rentrant, ils ont continué à détailler les mouvements du ciel tourmenté à travers le pare-brise, et, bien que fatigués, ils prévoient déjà la prochaine sortie. Vivement dimanche. Eric