14 janvier 2024 : raquettes vers Pré Peyret

Montagne de Beure, Jasse de la Roche, Pré Peyret, Pas des Écondus
Un grand huit en raquettes dans l’infini blanc

Petit changement de programme à la vue de l’enneigement jugé insuffisant au départ vers Chironne. Ce sera donc de l’autre côté du tunnel. 14 ours.es au départ sur le parking de Beure, pour chausser leurs raquettes colorées et filer droit dans la forêt, s’éloigner vite des pistes et remontées mécaniques.
Les raquettes, une histoire vieille de 5000 ans, utilisées pour faciliter les déplacements et la chasse en hiver, celles des tribus indiennes avaient quatre formes différentes : la patte d’ours (plate et ronde), la queue de castor, la queue d’hirondelle (relevée à l’avant et effilée) ou encore le bout rond.

Après une traversée de la forêt entre les arbres ployant sous la neige, le groupe arrive, à découvert, sur le plateau et poursuit jusqu’au Pas des Écondus, part ensuite droit vers la Jasse de la Roche pour échapper aux traces toutes faites et dessiner sa ligne de fuite dans la neige immaculée. Il contourne la zone de quiétude hivernale du tétras-lyre.

L’oiseau doit, pour se protéger du froid et des prédateurs, s’enfouir dans la neige, ne sortant que pour s’alimenter. Le passage de randonneurs, en le faisant fuir, provoque stress et épuisement.

Dans ces espaces vierges, les ours.es croisent d’autres traces, celles du renard, du lièvre et même du loup. Ils continuent sur le plateau leur longue traversée jusqu’au GR 91 qu’ils suivent jusqu’à la cabane de Pré Peyret. Ils décident, le soleil ayant fait son apparition, d’éviter la « foule » au refuge et s’installent sur les hauteurs pour pique-niquer. Ils boivent un petit coup (c’est agréable) de rhum arrangé au gingembre, se délectent de mignardises et autres friandises chocolatées.

Toute la journée les ours.es, à coups de grands scrouch, strsss, strizz, splich splash, crouch et autres zzzrr, se sont appuyés sur les flocons en plaquettes, étoiles, colonnes, aiguilles, dendrites, boutons de manchette, ces minuscules cristaux symétriques, pour traverser le plateau. Ils ont trouvé la neige sèche, poudreuse, molle, souple, dure, elle a craqué, crissé, légère ou lourde, collante ou glissante. Ils ont savouré dans un paysage en presque noir et blanc le silence et la plénitude amplifiés par l’absorption des sons.

Le guide leur a fait dessiner dans la montagne un grand huit couché de 14 kilomètres, un infini dont le point central était situé au Pas des Écondus. Que dire de plus ? Que le groupe a terminé au bistrot, passant du blanc lumineux et des arbres enneigés, au rugby à la télé et photos de Johnny au mur, avant de filer dans le froid prendre une douche chaude. Eric