24 septembre : Belvédère de Révoulat, Roche des Arnauds

Sept Ours•es et trois degrés aux Baraques-en-Vercors. Le départ s’effectue sans tarder, dans un rythme soutenu. Ça monte, qu’importe, le tempo est donné. La fraîcheur automnale est vite remplacée par le réchauffement des corps dans l’effort. Tous et toutes déjà en tenue légère gravissent la montagne jusqu’au Belvédère de Révoulat. Une courte pause, une ou deux photos et la validation des sommets sur les lignes dessinées à l’horizon. La petite troupe repart et suit un sentier agité par des rochers scabreux. Encore un effort et on atteint la Roche des Arnauds signalée par une croix bricolée.

Point idéal pour contempler le Vercors dans toute sa splendeur, ses dimensions, chaque zone est scannée par l’œil exercé des Ours•es. Trop tôt pour manger ? Que nenni, c’est le lieu qui détermine l’appétit, pas l’heure. Après le pique-nique, pas de répit, le relief ne se prête pas à la sieste, les Ours.es redescendent, ça dénivèle fort, les pattes avant viennent en renfort des pieds. La vigilance s’impose, le sol est humide, meuble et glissant, les racines traîtresses (c’est bien connu). La randonnée se poursuit sur la piste forestière, presque inquiétante après le passage des bûcherons (massacre à la tronçonneuse). Les Ours•es cherchent le chemin et se retrouvent dans la forêt, la vraie, la belle, l’accueillante. Ils s’apaisent et se régalent de ce passage dans ce sous-bois lumineux et moussu, végétal et animal en symbiose, les arbres dressés rassurent, les mousses enchantent. Les points remarquables défilent, col du Maupas, Combe de Loscence, Maison Blanche puis reprise du GR. A contre-jour, sur le chemin ombragé, une apparition, une petite silhouette discrète qui nous croise, sortie d’un autre siècle, coiffe et jupon, regard bleu lumineux et doux sourire, on se retourne, elle a disparu. On marche en silence quelques pas et on s’interroge, tu l’as vue ? On doute, réelle ou hallucinée ?

Sur les dix-neuf kilomètres de chemins montants et descendants, près de mille mètres de dénivelé, on a parlé de soi, des autres, du temps, du paysage, on a raconté des souvenirs, échangé sur le cours du monde. Un enregistrement complet de toutes les conversations révèlerait la variété des informations communiquées, un kaléidoscope des pensées, tout étant prétexte, une nouvelle paire de chaussures, une racine revêche, une épave de voiture, un champignon orange. Les anecdotes, antidotes à l’ennui, circulent en tous sens pendant que les jambes trottinent en cadence. Randonner, c’est marcher et parler, un double jeu en quelque sorte, se déplacer et partager dans un même mouvement, profondément humain, l’échine de l’être, peut-être.

Un arrêt à La Chapelle, de quoi se désaltérer et râler (un peu) après les motocyclettes pétaradantes, exaspérantes, avant de redescendre en évitant de couper dans les virages. Eric