Séjour Chartreuse (26 juin au 2 juillet 2023) – Jours 4 à 6
Juil 14, 2023 // By:Monique // No Comment
J4 : le Dôme de Bellefont 1975 m
Ce matin, nous sommes 13 Ours-es à partir du lieu-dit les Essarts (1320 m) de la station de ski de Saint Pierre-de-Chartreuse. Nous cheminons sur le GR Tour de Chartreuse, sentier ascendant, parfois descendant auœur d’une immense forêt et d’une végétation verdoyante – petite fantaisie : un passage raide câblé – avant de déboucher sur une grande prairie où se trouve la cabane de Bellefont. Nous y faisons notre pause casse-croûte matinal avant d’affronter cette immense pente herbeuse raide et abondamment fleurie : un festival de couleurs, bleu, jaune, blanc…
Arrivés au col de Bellefont la vue plonge sur l’autre versant où plus bas un chamois se repose sur un pierrier. A notre gauche les crêtes des Lances de Mallissard que nous avions prévu de suivre, mais ce parcours nous semble trop long, voire périlleux. Nous décidons alors d’être moins ambitieux et continuons jusqu’au Dôme de Bellefont (1975 m) tout proche. Un bon choix car le lieu est superbe, falaises, forêts, prairies, vallée du Grésivaudan. Un petit bémol, les nuages nous bouchent la vue sur les montagnes enneigées à l’est. C’est l’endroit idéal pour le pique-nique au milieu des fleurs et à l’abri du vent frais du sud.
Au retour nous descendons par la même prairie et le même sentier, un peu long, en forêt. Au col de la Saulce nous bifurquons et remontons pour rejoindre la Scia, arrivée d’un télésiège. La descente se fait dans une mer de fleurs, parfois si hautes que nous avons tout juste « pied ». Nos têtes n’émergent qu’à peine des ombellifères, heureusement le temps est sec sinon nous serions trempés. Fatigués mais heureux nous retrouvons les voitures après 13 km et 930 m de dénivelé. Michèle
J5 : musées et cascades, une rando pas comme les autres
L’église de Saint Hugues-en-Chartreuse est un lieu comme on en trouve très rarement. Pendant une trentaine d’années, un peintre (et ses étudiants tout au début) l’ont complètement transformée avec la complicité du curé. Elle est devenue un musée gratuit que nous avons arpenté, en cette journée pluvieuse.
Dès l’entrée, on est subjugué par les 111 œuvres d’ARCABAS, l’artiste, qui couvrent littéralement tous les murs : grandes toiles de jute peintes dans les couleurs bordeaux, noires, qui donnent l’impression de grandes tapisseries à l’ancienne. Puis les couleurs plus vives, chaudes dorées apparaissent dans des tableaux évoquant tout autant la vie quotidienne que la vie biblique de manière abstraite ou stylisée. Il a également crée et réalisé les vitraux, sculptures, meubles, autel, céramiques et plus de 5000 œuvres à travers le monde dont certaines sont entre autres à Grenoble.
Évidemment le casse-croûte de midi n’est pas de mise, un petit et bon restaurant fera bien l’affaire. Certain se plaît même à y réparer un appareil (enfin si on peut l’appeler ainsi) défectueux !
En tant qu’ Ours.es, on ne peut pas faire l’impasse sur le Musée de l’Ours des Cavernes à Saint Pierre-d’Entremont, qui se révèle très instructif et étonnant. L’incroyable découverte à 1700 m d’altitude de 2 paléontologues d’une grotte profonde où gisent des milliers de squelettes d’ours des cavernes éteints il y a 28 000 ans, et ayant vécus il y a + de 45 000 ans, date approchée grâce à la datation du C14. Les pollens récoltés in situ ont aussi fait l’étude de leur régime, qui était herbivore et permis de connaître le type de végétation de l’époque.
Quelques uns ne sont pas fatigués et décident de conclure la journée bien grise, en allant marcher au dessus du cirque de Saint Même. Une petite montée et hop voilà deux belles cascades !
Un apéritif, le dîner délicieux concocté par Christina, notre hôtesse, et des jeux de société clôturent cette journée fort passionnante et reposante pour les mollets. Christine D
J6 : la Croix de l’Alp 1821 m
Ce matin-là, une meute de quatorze bébêtes à poils, façon plantigrades, se ruèrent énergiquement et avec ensemble à l’assaut d’un raide raidillon depuis le lieu-dit Les Varvat, vers les crêtes impassibles. Laissant de côté la fontaine de Rigue Bater, ils grimpèrent vers le pré de Pratcel, se faufilant sous un surplomb rocheux soutenu comme en lévitation par un amas de branchettes fluettes. Peu après, des écussons gravés en 1822 dans la roche griffée (par des ours, bien sûr), délimitaient la frontière entre la France (fleur de lys) et la Savoie (croix de Savoie).
Quelques autochtones attablés devant un chalet d’alpage au milieu des gras herbages polychromes donnaient un avant-goût du paradis terrestre. Dès lors, la petite troupe tailla bravement son chemin dans la haute et moelleuse prairie alpine, piquetée de myriades de fleurs aux subtiles couleurs, hantée par des tintinnabulantes er cornues bestioles qui, à défaut de trains – plutôt rares à cette altitude – mataient bovidement ces étranges et bossus bipèdes qui, toujours en mouvement, ne savaient pas goûter aux plaisirs simples de la mastication flemmarde et allongée.
Quelques enjambées plus loin, un impressionnant trou, fourré de luxuriante végétation, s’enfonçait sournoisement dans les inquiétantes profondeurs telluriques. Sous un fin crachin breton (qui ne mouille pas, comme chacun sait), le groupe gravit ensuite une légère pente, au sommet de laquelle la Croix de l’Alpe (1821 m) leur offrit sa sainte protection.
Puis dans un nébuleux décors japonais, ce fut l’heure zen, celle des nourritures terrestres. Quelques trouées dans les nuages permirent, comme en en avion, de distinguer Pontchara, la vallée de l’Isère, et quelques massifs massifs, comme les Lances de Malissard, le Mont Granier et la chaîne de Belledone. Mais il fallut bien s’arracher à cette céleste rêverie. Le vallon de Pratcel, bordé d’une longue et arborée barre rocheuse, s’offrit comme un toboggan naturel, débouchant sur le pré du même nom, avant d’entamer la descente vers les véhicules, troublant au passages la sieste de quelques délicieuses génisses. 12 km et 820 m D+. Michel