28 janvier 2024 : rochers de Cresta et Serre de l’Aup
Jan 30, 2024 // By:Monique // No Comment
Onze Ours•es au départ d’Espenel, le bien nommé (du latin « spina » signifiant épine, le village est construit sur une épine rocheuse). Le froid pique un peu quand ils s’engagent sur la piste. Au premier virage, le guide s’enfonce dans la forêt, montrant la crête déjà ensoleillée, les rochers de Cresta, qui, d’en bas, paraissent difficilement accessibles. La montée est tout de suite raide, le rythme soutenu. Le sentier disparaît vite, oublié des hommes, les Ours•es cheminent cahin-caha se frayant un passage entre les arbres, les buissons ; la dernière partie, plus technique, s’effectue à découvert jusqu’au sommet. L’odeur du thym enivre sous le soleil quasi estival de janvier, il faut dire que la marche s’effectue le corps incliné, le nez au raz du sol. La vue dégagée redonne de l’énergie à la petite troupe.
La descente s’effectue par le même itinéraire dans le silence, se débrouiller avec ses bâtons devenus encombrants quand il faut jouer des mains. On arrive au pied de la crête, au col d’Espenel, découvrant le panneau du parcours classique. La deuxième montée s’effectue dans les mêmes conditions, on se penche, s’accroche, se retient, se pique, se griffe. On parcourt le paysage en suivant une ligne imaginaire, la plus courte d’un sommet à un autre.
On se penche pour éviter un arbre en travers, on écarte à pleines mains des branchages rétifs, on se contorsionne, tout le corps est mis à l’épreuve.
Le pique-nique est bienvenu, la recherche de l’emplacement idéal remisé à une autre fois. Vin de sureau et vins de noix, biscuits en tous genres comme d’habitude. Quand ça parle, ce sont encore les pieds qui occupent les esprits, pieds carrés, pieds fins, pieds qui s’agrandissent, qui sont serrés, comprimés, ils sont sollicités aujourd’hui et le font savoir.
On ne s’attarde pas, on repart vaillants et fringants pour filer droit (un droit tout en petits écarts) et traverser la Serre de l’Aup, en suivant la ligne rouge, le tracé qui délimite le domaine forestier, ces grosses marques rassurantes badigeonnées sur les troncs. Après deux derniers raidillons redoutables, deux cordes usées mais salvatrices permettent de surmonter des passages très pentus, on retrouve un autre col d’Espenel, puis le sentier, qui bien que tout petit, ressemble à un large tapis de soie. Les Ours•es prennent leurs aises, suivant, plus ou moins à distance, leur guide intrépide qui, lui, infatigable, se déplace d’un pas régulier, efficace et rapide.
Une sortie hors des sentiers battus et même des sentiers tout court, un exploit qui parait improbable quand, sur le retour, on mesure des yeux le chemin parcouru, le relief surmonté, le trajet qui se dessine sur les crêtes dans l’ombre projetée par le soleil déclinant. Sur le parking, less Ours•es évaluent le trajet, notant que la distance parcourue pendant la matinée était très réduite rapportée à la durée et l’intensité de l’effort. Pour évaluer l’effort physique, il faut ajouter aux kilomètres réels (distance du parcours) des kilomètres fictifs (qui correspondent au dénivelé). L’addition des deux donne les kilomètres-effort. La règle : 100 mètres de dénivelé cumulé positif = 1 kilomètre. Ce qui, rapporté à cette sortie (1100 m de dénivelé 14 km de distance), donne : 14 + 11 = 25. Ce sont donc 25 kilomètres ressentis que les Ours•es avaient dans leurs grandes pattes en rentrant chez eux après avoir partagé une boisson chaude chez l’un d’eux…
Éric