Tour des Combins (4 au 12 sept. 2021) J5 et J6 • 3/4

Jour 5 : Cabane Chanrion – Cabane Letey Champillon (Italie 2465 m)

1000 m D+ et 1100 m D- ; 22,5 km

L’alarme me fait sursauter ce matin, l’horaire plus matinal (5h50) en est probablement la cause, le dortoir s’agite, deux nuits que nous partageons notre sommeil, nos insomnies, une sorte d’intimité en quelque sorte… Tout est bien orchestré, aucune gêne entre nous, chacune et chacun a son propre rituel au lever, ce qui a son importance dans un refuge d’altitude où l’espace est réduit, les gestes calculés. J’observe les silhouettes se mouvoir discrètement, je suis encore au fond de mon lit au chaud, je sais que ma toilette de « chat » me laissera un peu d’avance sur l’horaire bien établi, petit déjeuner 6h15, départ 7h… Je sors de mon nid, la parole arrive, Monique nous résume un de ses rêves, il est question de vol plané en voiture… je souris et je m’étonne à voix haute de n’avoir pas utilisé les boules « Quies » cette fois, Monique non plus, normal, « Je n’ai pas pu dormir», avoue alors ce plantigrade qui d’ordinaire « orchestre » nos nuits bien malgré lui… Peut-être aurai-je mieux fait de me taire, me dis-je.

Le petit-déjeuner se passe en silence, chacune et chacun encore dans sa nuit, puis les sacs se remplissent, pique-nique et affaires viennent donner du volume, déjà le cinquième jour, nous sommes rodés. Je sens le groupe concentré, c’est la journée la plus longue, tout le monde le sait. 7 h, les Ours s’engagent sur le sentier, je lève la tête, les sommets et les cols sont noyés dans les nuages, mais le vent présent en altitude modifie en permanence la visibilité là-haut ; avec un peu de chance la vue sera dégagée en passant le col, optimisme de rigueur. D’abord une bonne descente d’environ ½ heure puis une montée régulière qui nous amène à la « fenêtre Durand » (2804 m) que nous atteindrons deux heures plus tard. Ici en Suisse beaucoup de passages se prénomment « fenêtre », bien souvent géographiquement il s’agit d’un col, nul trace de fenêtre ou d’ouverture dans la roche. L’air est vif et les nuages circulent, nous offrant par alternance quelques vues sublimes…

Nous voici en Italie, la descente sur ce versant s’effectue dans le brouillard, masquant les sommets environnants, nous restons groupés par sécurité, un dénivelé de 900 m négatif avec une grande traversée où nous découvrons les alpages du val d’Aoste et ses écuries typiques semi-enterrées ; nous pouvons observer une importante activité d’élevage de bovins pour la viande ainsi que le fromage appelé « Fontina », fabriqué avec le lait cru des vaches de race Valdôtaine. A l’altitude d’environ 2000 m une dernière grimpette nous amène au refuge de Letey 400 m plus haut. Les sacs à dos déposés, une bière pression vient clôturer cette belle et longue journée.

Dans ce refuge italien tout est plus simple plus direct, une perception probablement due à des affinités méditerranéennes plus proches de ma conception de la vie. Mais cette fin de journée nous réservera une bonne surprise, un sauna était disponible et nous pouvions en profiter, moyennant quelques Euros évidemment. Et c’est donc six Ourses et Ours qui, motivé(e)s, se présentèrent à l’entrée du sauna en tenue légère voire très légère pour certaine et certain… Nathalie retardée par la perte de sa serviette qui finalement était posée sur son épaule ! (la fatigue) nous rejoindra quelques minutes plus tard. (Patrick)

Jour 6 : Cabane Letey Champillon – Saint-Rhémy-en-Bosses (Italie 1632 m)

450m D+ et 1100 m D- ; 15 km

Nuit paisible dans ce joli petit refuge de montagne « rifugio Champillon », mais aie ! ce matin la pluie tambourine au dehors. Le temps de petit-déjeuner, ouf, elle cesse. Nous démarrons fort par un sentier pentu derrière le refuge, environ 250 m de dénivelé dans les nuages pour arriver au col de Champillon d’où normalement nous aurions dû admirer le Mont Blanc! S’ensuit une longue descente, 1000 m de dénivelé, ma foi pas trop éprouvante car la pente est raisonnable, mais toujours dans le brouillard.

Avant d’atteindre les mélèzes, nous prenons une petite pause près de l’abri de Crou de Bienise ; nous picorons quelques délicieuses myrtilles, puis c’est au tour des framboises de s’offrir à nos mains. Les senteurs de fenouil, pins, mélèzes sont accrues par la récente pluie et les cloches tintinnabulent dans la brume. Bientôt nous atteignons d’immenses pâturages et une piste qui dessert de longues fermes bovines, les troupeaux sont importants, les vaches portent de beaux colliers supportant de lourdes cloches. La piste nous conduit en fond de vallée et remonte sur l’autre versant.

Nous déjeunons rapidement car le ciel est toujours bouché et la pluie annoncée, c’est bien dommage car nous ne voyons pas les montagnes. Cette même piste nous conduit quelques km plus loin au joli village de Saint-Rhémy-en-Bosses, bien entretenu, où nous sommes confortablement logés à l’hôtel Suisse. Une fois reposés nous partons à la découverte de ce petit village composé de belles bâtisses en pierre, visite de l’église, du petit cimetière, nous admirons la vue sur les toits en lauze et leurs cheminées remarquables.
Une séance de hatha yoga menée par Patrick nous détend avant l’apéro spritz, spécialité italienne, et un bon repas suivi d’une dégustation d’hydromel offert par le patron. (Michèle)