Un Tour du Viso en 5 jours (4 au 8 sept. 2020)

Initialement programmé début juillet, notre tour du Viso avait dû être reporté
pour cause de neige trop abondante…
Bien impatients de se lancer dans cette aventure, dix Ours et Ourses (sur les onze inscrits,
l’un d’eux ayant été obligé de renoncer au dernier moment) se retrouvent donc
le vendredi 4 septembre pour le pique-nique de départ à l’Échalp (Queyras).
L’itinéraire se déroule presque entièrement en Italie à des altitudes variant de 1700 m à 3000 m
mais le plus souvent autour des 2500 – 2800 m.

1ère journée : l’Échalp > refuge W. Jervis : 9,5 km et 600 m de D+

Mise en jambe avec une montée très agréable dans la forêt jusqu’au col Lacroix (frontière avec l’Italie) d’où l’on a une très belle vue sur le Val Pellice qu’il nous faudra remonter le lendemain. Descente sur le refuge Willy Jervis situé au fond du vallon dans un bel environnement pastoral à côté de quelques fermes et maisons. Bon accueil, antipasti, pasti et tout le reste nous font le plein d’énergie pour la suite.

2ème journée : refuge W. Jervis  > refuge du Viso : 12 km et 1100 m de D+

Nous quittons le refuge (1800 m) sous un ciel bleu dense, le soleil est encore caché derrière la montagne et le fond de l’air est frais. Notre itinéraire est en partie visible, droit devant et très haut, on suppute le col Selliere à passer… de toutes les manières, il y a 1100 m de dénivelé pour atteindre notre objectif, le refuge du Viso.

Après le grand plat de la large vallée, on monte dans la forêt de mélèzes. Les moutons qui nous précèdent ayant choisi l’itinéraire sur la rive gauche, nous optons pour celui de la rive droite. Bien nous en a pris, le troupeau, s’étalant et traînant la patte, nous aurait fait perdre beaucoup de temps.
Nous trouvons le joli petit refuge Granero aux volets jaunes et rouges avec sa fontaine et un air accueillant qui nous aurait bien convenu pour y passer le reste de la journée si le Viso ne nous attendait pas plus haut.
Une bonne montée pour atteindre le col Selliere (2830m) parmi la pierraille et enfin belle vue sur le Mont Viso avec le refuge au loin.

Après la douche unique à se partager à l’eau froide, nous nous réunissons pour quelques exercices d’étirement et de yoga dans l’herbe rase face au Monte Viso.
C’est à la nuit tombée, quand le ciel s’est offert à notre vue, que nous avons pu observer Saturne et son anneau ainsi que Jupiter et ses trois satellites grâce à une longue-vue prêtée gentiment par un astronome.

3ème journée : refuge du Viso > refuge Quentino Sella  : 13 km et 1100 m de D+

Après une nuit sur couchettes étroites et ronflonades à volonté (nos voisins dans le dortoir Messieurs !), petit-déjeuner au réfectoire sans assiette et pain sur la table… Le soleil se lève côté italien et éclaire les flancs des montagnes côté français. En quittant le refuge du Viso, près du sentier, trois marmottes nous sifflent au passage et un peu plus loin Laurence serre les dents car ses deux ampoules lui provoquent des étincelles ; devant, Élisabeth en tête du groupe marche comme un chamois fuyant un prédateur…

Arrivés devant l’entrée du tunnel de la Traversette nous faisons une pause et traversons à la frontale ce petit tunnel de 75 m, creusé dans les années 1450 à la massette et au burin, qui permettait les échanges de marchandises, sel contre vin et huiles et pour les contrebandiers aussi… Retour à l’entrée et montée au col du même nom avec le soleil à l’arrivée. Nous saluons poliment tous les randonneurs italiens d’un Bonjourno ! Tchao ! Salvè ! Christine, qui nous avait accompagnés sur deux journées, nous quitte et redescend seule sur la Roche Écroulée.

Descente du col sur pente herbeuse bien raide avec chaînes et barreaux sur le sentier du postier avant une seconde montée, raide elle aussi, dans un immense éboulis pour atteindre le refuge Giacoletti. Puis encore une descente jusqu’aux lacs Superiore et Lanseto embrumés (la fameuse Nebbia) et là, certains aperçoivent deux animaux aux jumelles, chamois ou bouquetins ? D’un coup les nuages nous les cachent…

Prêts pour la troisième montée ? depuis les lacs, ça monte sans fin, dans le chaos et le brouillard on entend les pierres qui tombent du flanc du Viso, on marche sur de la caillasse, on contourne de très grands blocs de pierre, on continue sur des éboulis instables, jusqu’à apercevoir enfin le grand lac du Viso et le refuge Quintino Sella. Nous prenons nos places dans les dortoirs, une douche au sous-sol en passant par l’extérieur et surtout une bonne bière réhydratante ! et plus tard un bon repas à l’Italienne.
Belle journée, peut-être la plus exigeante de ce tour, on n’en voyait pas la fin !

Diaporama : dix Ours sur cinq jours de randonnée itinérante…

4ème jour : refuge Q. Sella > refuge Vallanta : 14 km, 750 m de D+, et 900 m de D-

Nous sommes réveillés par une pluie orageuse. Au départ nous voilà couverts, prêts à affronter les intempéries. La pluie s’estompe, nous évoluerons au milieu d’un paysage lunaire (je n’y suis jamais allée…), entourés de cailloux et brouillard. Étrange marche vers le Passo Gallarino, plutôt silencieuse au cœur des montagnes sans les voir – le Monte Viso restera pudique ce matin.

Après le Passo Chiaffrado, notre sentier se faufile au travers d’un « champ de cairns ». Notre imagination nous dévoile une otarie, un manchot… et à notre tour nous ajoutons quelques créations. En fin de matinée un torrent nous invite au pique-nique sur l’herbe grasse, au milieu des pins et mélèzes. Belle ambiance verte après l’univers minéral de la matinée ! Le pain grillé au feu de camp qui crépite nous donne un goût d’aventure.

La descente conduit au Pian Meyer, nous remontons le torrent Vallanta jusqu’au refuge. Petites pauses pour observer des cingles plongeurs en pleine activité. Voici alors le soleil qui nous invite à un arrêt le long du torrent pour goûter la douceur de l’herbe (et des chardons) au son de l’eau. Dernière montée au refuge Vallanta. Cette journée nous a fait traverser des univers tellement variés qu’elle laisse une impression féérique, baignée par le brouillard puis le soleil.

5ème jour : refuge Vallanta > la Roche Écroulée : 14 km, 400 m de D+, et 1100 m de D-

Réveil matinal pour notre cinquième et dernier jour de randonnée : c’est que nous devons ce soir retrouver le Diois et nos nids douillets. Le ciel est bien dégagé ce matin, mais le géant de pierre nous masque la lumière du soleil levant. La température est fraîche, quelques plaques de givre recouvrent la végétation rase. Notre petite troupe maintenant bien entraînée s’élance en direction du col Vallante (400 m de dénivelé).

Nous découvrons, avec nos premières edelweiss, trois bouquetins qui se confondent avec les rochers. Plus haut le soleil nous invite à une agréable pause, tout près sept bouquetins mâles aux cornes impressionnantes broutent sur la haute prairie d’un beau vallon ; ils tentent une intimidation en faisant dévaler une pierre, les photographes se régalent.
Au sommet du col, nous franchissons une dernière fois la
frontière dans un paysage minéral. Que de belles roches vertes, brillantes de rosée ! Nous surplombons la source du Guil. La descente périlleuse sur le lac Lestio éprouve nos jambes. Nous nous reposons au bord de ce joli lac de montagne avant d’entreprendre la descente de la vallée du Guil. Un marais nous laisse admirer de belles linaigrettes. Le Viso se couvre de brume, nous le saluons une dernière fois au belvédère du Viso.

Nous retrouvons la végétation, arbustes bas, mélèzes, pins… Le ruisseau grossit et ses eaux claires scintillent, nous pique-niquons sur sa rive, surveillés par deux marmottes.
Longue descente pour rejoindre nos voitures à la Roche Écroulée.

Un arrêt à Abriès pour savourer une bière locale nous permet de clore cette magnifique randonnée autour
du « Re Di Pietra » (le Roi de Pierre).

Elisabeth, Françoise, Jean-Paul, Michèle, Monique (ordre alphabétique)

Diaporama : notre environnement autour du Viso

Merci aux photographes : Élisabeth, Michèle, Monique, Philippe